Les syndics de Neuvic au 18e siècle
Avant la Révolution, les communes en tant que plus petites structures administratives, n'existaient pas. Les communautés d'habitants étaient regroupées au sein des paroisses et à l'ombre des châteaux dont les propriétaires exerçaient leurs droits de justice.
Le curé de la paroisse était le relais administratif, les édits royaux étaient lus en chaire et affichés à la porte de l'église, mais rares étaient les villageois sachant lire ! Les assemblées d'habitants étaient annoncées par le curé et « convoquées au son de la cloche ». Il ne s'agissait pas d'une assemblée générale mais plutôt d'une assemblée de notables. Les textes parlent des « principaux habitants ». Le compte-rendu est rédigé par un notaire, en particulier pour la désignation des syndics, appelés parfois syndics marguiliers ou syndics fabriciens.
Au 18e siècle, les syndics de paroisse étaient élus pour de courtes durées (de un à trois ans) par des assemblées d'une quinzaine de personnes, il s'agissait plus d'une cooptation que d'une élection et le recrutement dans un très petit groupe conduisait à exercer la fonction à plusieurs reprises. Leur rôle était important car ils étaient chargés du calcul de l'assiette et de la collecte des impôts dont ils étaient responsables sur leurs propres deniers, ce qui imposaient de les choisir parmi les villageois solvables. Ils assuraient aussi la gestion des biens de l'église (droit de bancs, droit de tombeau, inventaire des objets du culte...).
Les archives des notaires de Neuvic détenues aux Archives Départementales contiennent plusieurs comptes-rendus d'élections de syndics.
Le 30 juin 1671, nomination de Sicaire Daurade (cf Constantin acte 48)
Le 19 septembre 1700, « au devant la grand porte de l'église », Jean Sinsou, de Theurac, Jean Langlois, de Pontey et Pierre Yvergt, de Pissot (paroisse annexe de Vallereuil) déclarent qu'ils « ont fait la fonction de syndics collecteurs le plus exactement qu'il leur a été possible ... suivant les ordonnances de sa Majesté et de son Intendant». Pour l'année suivante, sont désignés : Jean Durozier du Mayne Dauriac, Jean Durand de Frateaux et Eymond Peyronny , de Champrouy. Les « principaux habitants » sont cités et la plupart signent l'acte : Gabriel Delabonne, docteur en médecine, Pierre Faure, peintre, François Peyronny, notaire, Pierre Delaporte, lieutenant, Jean Peyronny, Raymond Bruneau, médecin des fractures, Jacques Boussenot, chirurgien, Jean Jouyel, clerc, Jean Cellerier, sergent royal, Gérome Penaud, clerc, Jean Durand, tailleur, Pierre Bouty, Estienne Lachaud...(M° Peyronny 3 E 4856 - 1700, acte 116)
Le 16 septembre 1703, les syndics sortants sont Hiérosme Constantin, praticien au Villageou, Léonard de Lespine, sieur du Cluzeau habitant de Leyfourcerie et Jean Mazurie, praticien à Maignou. Pour l'année suivante, sont nommés, outre Constantin, Mazurie et Lespine, Jean Bruneau, sieur de Lafon, pour le village de Planèze et Charles Daurade, clerc, pour celui de Vincent. (M° Peyronny 3 E 4856 - 1703, acte 67)
Le 17 septembre 1713, Hélies Lacour, du bourg, Gérosme Chevalier l'aîné, de la Petite Veyssière et Pey Daurade, clerc à Vincent cooptent leurs successeurs : Jean Daugiéras, Jean Dupérier et Jean Pourchier.
Il semble qu'au début du 18e siècle les responsabilités aient été « décentralisées » par village avec la nomination de plusieurs syndics. Quelques années plus tard, on ne désigne plus qu'un syndic et pour une période plus longue (3 à 5 ans avec cependant un compte-rendu tous les ans).
Le premier janvier 1749, « messire Henry de Fayolle de Mellet chevalier seigneur haut justicier marquis de Neufvic habitant de son châtau de Neufvic » et le curé Jean Chatenet sont présents à l'assemblée convoquée pour remplacer le syndic Etienne Lacour, décédé. Jean Delaporte, sieur de Foncouverte est désigné pour trois ans.
Le 28 mai 1758, Jean Delaporte est remplacé par Louis Durieu, clerc habitant le village de la Jaubertie. Il devra en particulier réaliser un « inventaire des ornements, vases sacrés et meubles » de l'église, veiller à ce que la cloche soit « chonée avec dessence a heure convenable (sic)» et ne devra concéder aucun droit de tombeau « d'autant que la paroisse a fait entièrement paver la nef ». L'inventaire sera dressé le 18 août 1759 et le procès verbal figure dans les actes du notaire Faure (3 E 4862)
Les habitants présents appartiennent toujours aux mêmes familles et en particulier les travailleurs de la terre qui représentent 90% de la population ne sont pas cités.
Louis Durieu et son fils ont été plusieurs fois syndics jusqu'à la Révolution : en 1765, Durieu syndic est témoin au décès de Jean Mazurie, Louis Durieu, syndic, décède en 1776 et il est enterré dans l'église et enfin Jean Durieu est procureur et syndic fabricien en 1782 (décès de Jean Doar).